Evolution globale des surfaces
Vingt ans après le début de la diffusion en agriculture, il est toujours aussi difficile de recueillir des données sur les surfaces actuellement cultivées en hors sol. Cette remarque est valable aussi bien à l'échelle nationale et européenne qu'au niveau mondial. Comment peut-on expliquer cette difficulté rencontrée pour établir des recensements et obtenir des statistiques fiables sur les cultures hors sol ? Les principales raisonssont les suivantes :
- les cultures hors sol sont rarement considérées comme un nouveau système de production des végétaux par les organismes officiels,
- il est difficile de bien faire la distinction entre les surfaces réellement conduites en hors sol et celles utilisant des techniques relevant de la fertirrigation. Cette confusion est tellement importante au niveau des pépinières, des plantes en pot (plantes vertes et potées fleuries) que ces cultures n'ont pas été prises en compte dans les estimations présentées ci-après.
L'évolution des surfaces est présentée par décade à partir du début du développement agricole de cette technologie au début des années 80. En une vingtaine d'années, les surfaces ont été multipliées par 20. Cette progression est régulière puisque, durant la décade 1992-2002, la surface mondiale a presque triplé. Il faut remarquer que le développement de cette technologie s'est essentiellement effectué en Europe qui concentre depuis 1982 environ 80% des surfaces cultivées en hors sol.
Répartition des surfaces par pays
En l'absence de données officielles fiables, la répartition des surfaces cultivées dans le monde a été estimée à partir de contacts établis entre participants lors de congrès internationaux et à partir d'organismes ou de sociétés dont l'activité est centrée sur les cultures hors sol. Cette répartition amène les commentaires suivants :
- Cinq pays de l'Union Européenne concentrent plus de 70% des surfaces cultivées dans le monde :
- les Pays-Bas et la Belgique ont été les pays précurseurs de l'utilisation horticole des techniques hydroponiques et restent la principale zone géographique de développement ;
- le cas de l'Espagne mérite d'être mis en évidence en raison d'une très forte augmentation des surfaces durant les dix dernières années (500 hectares en 1992 à 5.000 ha en 2002) : les raisons de ce développement, essentiellement dans le Sud du pays sont l'utilisation horticole de sols médiocres et surtout le manque d'eau de qualité ;
- la progression des surfaces en France reste régulière.
- Cette technique de production est peu répandue aux Etats Unis d'Amérique, pays qui à l'origine d'une grande partie des avancées technologiques en ce domaine. Cette situation s'explique par une pratique plutôt extensive de l'agriculture qui dispose de réserve foncière importante. Cette remarque s'applique d'ailleurs aussi au Canada et à l'Australie.
Raisons du développement
Une autre analyse peut être faite en essayant de rechercher les principales raisons du développement des cultures hors sol dans les différentes zones géographiques. Vingt ans après le début de l'utilisation de ce système de culture en horticulture, est-il possible d'établir une liaison entre l'évolution des surfaces dans le monde et les principaux avantages de cette nouvelle technologie ? Il semble que quatre raisons principales se dégagent ; pour plus de clarté, elles seront présentées sous les mêmes rubriques que celles déjà évoquées lors de la présentation des avantages des cultures hors sol.
Limitation des risques sanitaires et diminution des traitements
Cette première raison historique reste certainement une des principales raisons du développement horticole des cultures hors sol en France, mais aussi au Royaume Uni et aux Pays Bas. Cet attrait se trouve renforcé actuellement par la possibilité qu'offre cette technique de diminuer le nombre de traitements phytosanitaires. En effet, cette technologie s'adapte très bien à tous les systèmes de lutte intégrée faisant intervenir des auxiliaires biologiques qui se révèlent plus efficaces en raison de l'absence de sol réservoir de ravageurs constitué par le sol.
Utilisation de sols incultivables ou récupération de sol non arables
Cette situation se retrouve en Europe pour le développement récent des cultures hors sol en Espagne où les productions horticoles, notamment dans le Sud, étaient effectuées sur des sols médiocres souvent rapportés. Elle correspond aussi aux surfaces recensées à Taïwan, Hong Kong et Singapour qui sont relativement importantes pour l'étendue des pays concernés. La culture hors sol permet de pallier le manque de terres agricoles. Cette technique s'applique aussi parfaitement aux habitudes culinaires et alimentaires de ces pays qui utilisent largement les légumes et les plantes condimentaires. Cette remarque s'applique aussi au Japon.
Economie d'eau et d'engrais minéraux
Les cultures hors permettent une économie d'eau, notamment pour les systèmes recyclés. Cet argument a joué un rôle essentiel pour l'utilisation de cette technologie en Israël, c'est aussi un des principales raisons de son développement dans le Sud de l'Espagne durant la dernière décennie. La fourniture de l'eau pour l'agriculture est un problème majeur de limitation des cultures dans le monde, elle le deviendra de plus en plus dans les pays industrialisés : la culture hors sol représente l'alternative de production végétale la plus économique et la plus écologique.
Economie d'énergie et gain de précocité
Les cultures hors sol permettent une économie d'énergie estimée à 10% par rapport à la même culture en sol. Cet effet est lié à une meilleure utilisation de la chaleur notamment au niveau du système racinaire. Cette raison est vraisemblablement la principale cause du développement de cette technologie dans les pays de l'Europe du Nord (Pays-Bas, Belgique, Royaume Uni, Allemagne et Finlande). Cet argument est d'autant plus important que, dans cette zone géographique, le chauffage d'appoint des serres est indispensable pour assurer la production horticole compétitive. La meilleure utilisation de l'énergie en culture hors sol sous serre se traduit par une croissance plus rapide des végétaux et par une récolte plus précoce.